Nous en sommes tous conscients : la plupart des investisseurs ne perçoivent pas le risque d’un portefeuille comme symétrique. Une approche scientifique définira le risque en termes de volatilité, autrement dit la probabilité et l’amplitude de la divergence entre le rendement effectivement obtenu et celui attendu. Cette mesure s’applique dans les 2 sens : à la hausse comme à la baisse. Ainsi, un portefeuille dont la performance serait de 20% supérieure aux attentes sera considéré à risque élevé, clairement le type de risque qu’un investisseur acceptera avec le sourire. A l’inverse, un portefeuille avec un rendement attendu de 5% dont la performance reste 20% en-dessous des attentes serait beaucoup plus difficile à accepter pour ce même investisseur. Il s’agit pourtant bien du même risque.

Plusieurs techniques ont été développées à travers les années pour réagir de façon asymétrique quand la performance d’un portefeuille montre trop de déviation à la baisse. L’une d’entre elles – bien connue de nos clients – est celle des limites « stop-loss », des ordres de vente automatiques qui sont déclenchés quand la performance négative dépasse un seuil prédéterminé.

Cette approche donne à l’investisseur un sentiment de protection puisqu’il ne perdra jamais beaucoup plus que le niveau prédéterminé de la chute des marchés qui va déclencher la vente de ses actifs risqués. Cette perception de sécurité peut aider des investisseurs traditionnels en produits de taux, devenus quelque peu désespérés par cet environnement, à élargir leurs horizons et à accepter un peu plus de risques en actions dans leur portefeuille.

 

10.11.2016-PIC-StopLoss

 

 

Cette approche est-elle vraiment efficace en temps de crise ?

Elle a certainement porté ses fruits à deux occasions assez récentes. Prenons un investissement dans l’indice EuroStoxx 50 avec un seuil de stop-loss prédéterminé à -15%. Depuis le début du siècle, il y a eu 2 périodes où beaucoup de dégâts ont clairement été évités en sortant après la première descente de -15% : l’implosion de la bulle « dotcom » des années 2000/2001 et la crise financière des « subprimes » en 2008/2009. Ces 2 périodes ont vu l’indice EuroStoxx 50 perdre respectivement -66% et -61%. Lors de ces scénarios, il était clairement préférable d’encaisser une perte de -15% plutôt que de rester investis.

Mais depuis, les marchés semblent avoir fondamentalement changé. Les grandes crises se sont muées en « mini-crises », avec pas moins de 7 périodes accompagnées de chutes dépassant les -15% depuis 2009 : -19% en 2010, -37% en 2011, -21% en 2012, -16% en 2014, -22% en 2015, -24% et -16% en 2016. Sortir du marché après chaque chute de -15% aurait causé une série de pertes consécutives plutôt que de réaliser une quelconque forme de rendement protégé, même si le marché n’a pas perdu d’argent sur la totalité de la période.

En outre, le plus grand problème reste le même dans les 2 cas : quand doit-on décider de rentrer dans le marché ? Commencer à réinvestir partiellement juste après sa sortie n’a pas beaucoup de sens : si l’on croit à un rebond, mieux vaut ne pas sortir du marché. Mais attendre une certaine période, par exemple 12 mois, et puis rentrer dans le marché n’est pas sans soucis non plus. Une telle approche aurait même, dans les grandes crises de 2000/2001 et 2008/2009, causé un second franchissement du seuil de stop-loss, et donc une deuxième perte de -15%. Et dans l’ère post-2009, dans la plupart des cas, on aurait été juste à temps de retour dans le marché pour subir la prochaine mini-crise…

 

Conclusion : les mécanismes de stop-loss ne sont pas la solution à tous les problèmes de volatilité. Certes, ils donnent un sentiment de sécurité et protègent du pire en cas de vrai crash massif, mais ils peuvent aussi donner des rendements médiocres à plus long terme lorsqu’ils forcent à quitter les marchés trop souvent, comme ce fût le cas ces 7 dernières années. Une meilleure diversification de son portefeuille, au-delà du classique mélange entre actions et produits de taux, pourrait s’avérer être une meilleure solution pour contenir les mouvements de prix dans des plages qui restent confortables, sans être heurtés par les « portes de saloon »

 

Ruben De Roover
OneLife Investment Relationship Manager
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>>> Cet article est extrait de l’édition de septembre 2016 de notre newsletter mensuelle Life Insights. Pour souscrire, cliquez ci-dessous.

 

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